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L'enfant et les écrans : Un Avis de l'Académie des Sciences

Par Serge Tisseron - Psy­chia­tre et psy­cha­na­lyste, directeur de Recherches (HDR) à l'Université Paris-Ouest


Serge Tisseron - Psy­chia­tre et psy­cha­na­lyste, directeur de Recherches (HDR) à l'Université Paris-OuestBeaucoup l'attendaient, l'Académie l'a fait : l'exposition, dans un langage clair et accessible, de l'ensemble des connaissances scientifiques actuelles sur les conséquences de l'usage des écrans par les enfants, assortie de recommandations précises à destination des parents, des médecins, des pédagogues et des producteurs de contenus.

On y découvre entre autres que la violence des images est bel et bien à prendre au sérieux ; que les processus d'attention, de mémorisation et d'apprentissage suscités par les écrans sont différents de ceux qu'organise le livre, mais tout aussi utiles qu'eux ; qu'il n'existe pas d'addiction aux jeux vidéo ; ou encore que les enfants peuvent être préparés dès la maternelle à s'emparer de cette nouvelle culture en évitant ses pièges. Autant dire que ceux qui attendaient de l'Académie des sciences un texte à charge contre les écrans en ont été pour leurs frais. Elle ne se prononce ni " pour ", ni " contre ". En revanche, les technologies numériques sont replacées dans l'histoire des grandes inventions humaines, et leur valeur est jugée selon les usages qui peuvent en être faits. Cet avis constitue donc autant un guide des bons usages qu'une dénonciation des mésusages. Il évoque le type d'écran adapté (ou non) à chaque âge, et développe les consignes éducatives qui lui correspondent, en insistant à chaque fois sur l'apprentissage de l'auto régulation, la pratique de l'alternance et l'utilité d'un accompagnement de l'enfant à chaque moment de son développement.

Mais parce qu'un discours qui s'adresse aux parents seuls est condamné à être peu efficace, l'avis de l'Académie propose en même temps de s'appuyer sur les enseignants, les associations susceptibles de soutenir des actions ponctuelles, et les jeunes eux-mêmes.

Car peu à peu, une nouvelle culture émerge, qui n'est plus seulement structurée par la pensée linéaire du livre et la mémoire événementielle, mais par la pensée spatialisée des écrans et la mémoire de travail. C'est à leur indispensable complémentarité qu'il faut former nos enfants. Dès la maternelle, il est possible de les engager dans une démarche de recul par rapport aux images et de compréhension du virtuel; et dès le CP, ils ont la capacité de comprendre les bases des mondes numériques Pour les y aider, l'académie publie en même temps que son avis un livet éducatif à destination des enseignants du CP, CE1 et CE2, et encourage les festivals des créations adolescentes ou la " dizaine pour apprivoiser les écrans ".

Bref, l'avis de l'Académie invite à rompre avec la diabolisation des écrans et à développer les bonnes pratiques comme seuls moyens de s'opposer à celles qui suscitent l'isolement, la désocialisation, voire l'incivilité. Il faut maintenant mettre en place le programme dont elle a tracé les grands axes.

Notes et références

Cet avis peut être consulté :

en ligne :

http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/avis0113.hptm

en livre : Bach J.F, Houdé O., Léna P., Tisseron S. (2013) L'enfant et les écrans, Un avis scientifique de l'Académie des Sciences, Paris, Le Pommier.

La video des conférences de lancement de cet avis est en ligne sur le site de l'Académie des sciences : http://www.academie-sciences.fr/video/v220113.htm (conférences de Gérard Berry, Stanislas Dehaene, Olivier Houdé, et Serge Tisseron)

Le livret éducatif : Pasquinelli E., Zimmermann G., Bernard-Delorme A., Descamps-Latscha B., Les écrans, le cerveau… et l'enfant, un projet d'éducation à un usage raisonné des écrans pour l'école primaire.Guide du maître cycles 2 et 3. Paris, Le Pommier.

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