Compte rendu des 3èmes Assises Nationales de l'Éducation et de la Formation Numériques
3 avril 2013 - Forum des Images, Paris
1 INTRODUCTION
LE NUMÉRIQUE EDUCATIF : UN ENJEU INTERNATIONAL ECONOMIQUE ET SOCIETAL (YVES DAMBACH, VICE PRESIDENT DE L'AFINEF)
245 inscrits et 153 participants, ces Assises orientées pour la première fois sur le développement économique d'un secteur clé de notre société sont d'ores et déjà un succès.
La France a une vraie place à prendre autour de la formation et de l'éducation numérique. Face aux géants internationaux, nous avons accumulé un retard significatif mais rattrapable pour partie. Alors qu'aux Etats Unis et en Allemagne, le e-learning représente respectivement 50% et 25% de la formation professionnelle, il plafonne à seulement 7% en France. Pour autant, une très forte convoitise anime la concurrence internationale autour du numérique qui s'attaque à un marché qui ne représente pas moins de 7,5% du PIB mondial. Le phénomène des MOOC, le succès du BETT et de Learntec, sont autant d'exemples de nos voisins anglo-saxons et allemands dont l'ampleur ne cesse de grandir et dont il faut s'inspirer.
L'AFINEF : SE POSITIONNER COMME UN ACTEUR DE CETTE CARTOGRAPHIE MONDIALE (HERVE BORREDON, PRESIDENT DE L'AFINEF)
Le 18 Octobre 2012 est née - avec l'appui du pôle de compétitivité Cap Digital et de très nombreux acteurs de la filière - l'Association Française des Industriels du Numérique pour l'Éducation et la Formation (AFINEF).
L'AFINEF a pour objectif de réunir les acteurs de l'industrie du numérique dans l'éducation et la formation en France. 26 membres en sont les fondateurs (4n Media Group, Alterway, Educaweb, eInstruction, Encyclopaedia Universalis, GEDEM, GIE lesite.tv, Ilobjects, Itop Education, Jeulin, Kosmos, KTM Advance, Logica qui fait maintenant partie de CGI, Microsoft, Milliweb, myBlee, PM Conseil, Promethean, Simple IT, SNE (Groupe Education), TELLMEMORE, Texas Instruments, TRALALERE, Unowhy, Viforma, WebServices Pour l'Education).
L'Afinef ambitionne de se positionner comme un acteur de cette cartographie mondiale. Hervé Borredon partage l'animation de cette association en tant que Président avec Yves Dambach et Philippe Mero, Vice-Présidents.
Le numérique entre dans les classes et les organismes de formation alors qu'il est omniprésent à tous les niveaux de notre société. Il représente un enjeu social et économique majeur. L'écosystème du numérique dans l'éducation et la formation se partage autour de quatre grands secteurs : l'équipement, les contenus, les applications et le service.
L'objectif de l'Afinef est aussi de fédérer les industries du secteur et de promouvoir notre filière au sein de l'économie française, pour en faire un acteur privilégié dans les échanges avec les institutions. Les impacts liés à l'éducation numérique, aussi bien dans le domaine de la formation initiale que dans celui de la formation continue, recouvrent un champ très large, qui bénéficie d'investissements massifs de la part de l'Etat et des collectivités. Pas moins de quarante millions de personnes sont concernés par ces deux secteurs.
LES ENJEUX DE CES ASSISES (YVES DAMBACH, VICE PRESIDENT DE L'AFINEF)
Ces troisièmes Assises sont d'abord le résultat d'une concertation de deux mois entre les industriels du secteur membres de l'Afinef (26 aujourd'hui), ou non membres mais issus du secteur économique, qui ont donné lieu à la formulation de 25 propositions concrètes qui recensent des idées, des mécanismes, des arguments en faveur de l'éducation et de la formation numériques. Le temps n'est plus à la réflexion sur le " pourquoi ", mais bien sur le " comment ", à travers la mise en œuvre d'actions pour gagner la bataille engagée du numérique.
Notre faiblesse, c'est celle de notre retard accumulé en matière d'éducation numérique, mais la force du système éducatif français et du dispositif de formation ainsi que nos valeurs et nos savoirs faire doivent nous permettre de combler ce retard.
Ainsi pour exemple, si aucun budget ne permet de former in situ les millions de chômeurs et les personnes en reconversion professionnelle, le numérique, par la voie du e-learning et les serious games, est la seule artère véritable de succès pour former efficacement cette population en difficulté. Les moyens sont facilement mobilisables sur cette population car existants et les prestations de formation sous-traitées.
Dans ce sens, le numérique n'est pas seulement cantonné à l'école, il atteint par le faisceau de la formation un public beaucoup plus large et il est porteur de création d'emplois et de valeurs.
2 INTERVENTION DE GILLES BRAUN, MINISTERE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, CONSEILLER AUPRÈS DU MINISTRE VINCENT PEILLON
Pour la première fois, le numérique fait son entrée dans la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école.
L'entrée du numérique dans l'enseignement, c'est d'abord la nécessité que les enseignants soient formés. Une formation au numérique, bien sûr, mais aussi une formation par le numérique. À ce titre, la formation continue aux usages numériques de 150 000 enseignants est programmée pour l'année scolaire 2013 /2014 dans les plans académiques de formation. Autre mesure : neuf heures de formation avec des ressources numériques sont inscrites dans l'obligation de service des professeurs des écoles, avec la mise en place d'une plateforme de formation pour répondre à ce service spécifique (360 000 professeurs concernés dès la rentrée prochaine. Sur la production de contenus et de services, l'article 10 de la loi d'orientation décrit les missions du service public du numérique éducatif : en particulier l'offre en matière de ressources (contenus et services) numériques pour les enseignants doit être diversifiée et permettre la prolongation des enseignements. Un appel à propositions sur la production de ces ressources pour le primaire dans le domaine des apprentissages fondamentaux (lire écrire, compter, apprendre une langue étrangère) sera un élément structurant. Par ailleurs, une mission a été confiée par quatre ministres à l'Inspection Générale des Finances, les Inspections de l'Éducation Nationale (IGEN et IGAENR) et le CGIEST sur la structuration de la filière du " numérique éducatif "
L'implication des collectivités territoriales dans ce domaine est importante et essentielle. La loi d'orientation revient donc sur un aspect capital, celui de la clarification des compétences entre l'Etat et les collectivités, notamment sur la maintenance des matériels. L'école n'est plus seulement un espace bâti, matériel, mais aussi un espace de ressources immatérielles, notamment avec l'implémentation des ENT dans les territoires.
Questions et Échanges
"Quel rôle l'Afinef peut-elle jouer dans cette co-construction d'un projet numérique pour l'éducation ?"
Dans un contexte où, pas moins de 20% des plus de 15 ans ne maîtrisent pas les codes de la lecture, un objectif fondamental régit nos deux institutions : celui d'améliorer les apprentissages. La création d'un service public du numérique viendra répondre aux questions de formation des jeunes, mais aussi de leur employabilité. Les ressources proposées par ce service public du numérique pourront être celles que les entreprises vont proposer. D'autre part, il s'agit de gérer un nouveau modèle qui commence à émerger : celui des plateformes de partage produites et partagées par les enseignants eux-mêmes. A noter que les relations entre le ministère et les industries sont aujourd'hui plutôt bonnes, guidées par une même logique, celle de porter à l'étranger la pédagogie et l'excellence française.
"Aucun changement de textes n'est prévu pour les communes sur les dotations en matière d'équipement, comment peuvent-elles aujourd'hui investir sur le numérique ?"
Plusieurs réponses pour aider les communes à mieux se doter. Parmi elles, le travail intercommunal, qui permet de regrouper les achats et de trouver des mécanismes d'offres avantageuses ; la simplification des procédures de marchés publics pour permettre aux communes de se doter plus facilement de ressources (en cours de réflexion à l'UGAP) ; le recours au fonds européen FEDER, permettant de financer des projets d'infrastructure dans les communes.
"Quel partage des compétences entre l'Etat, les collectivités et les communes ?"
Pour l'instant, la règle est la suivante : une collectivité qui achète du matériel pour des établissements est responsable du marché et du cahier des charges. Pour autant, une gouvernance est mise en place avec le ministère pour réguler les échanges, et éviter les contradictions entre l'Etat et les collectivités. L'idée forte est de construire ensemble, malgré le peu de recul que nous avons sur les pratiques du numérique.
3 25 PROPOSITIONS POUR UN IMPACT ÉCONOMIQUE ET SOCIÉTAL DES NOUVELLES TECHNOLOGIES POUR L'ÉDUCATION ET LA FORMATION
Ces vingt-cinq propositions ont été regroupées en quatre grandes orientations. La formalisation de ces propositions, disponibles sur le site de l'Afinef (http://afinef.net/), est une première version qui sera ajustée et fera l'objet d'une " V2 ".
PROPOSITIONS RÉPONDANT AUX ENJEUX SOCIÉTAUX (1 À 7)
INTERVENANTS : DEBORAH ELALOUF ET CHRISTIAN DE VEYRAC
Les propositions du groupe de travail " Observatoire des Usages Numériques " s inscrivent dans la volonté de se placer au service de l'innovation des usages numériques au sein de l'école. Il s'agit non seulement d'accompagner les élèves et les enseignants dans l'appropriation de nouvelles pratiques, mais également de faire le lien entre société numérique et école dans le cadre des nouvelles orientations de la loi.
Le rôle des entreprises dans ce cadre est aussi de participer à la mise en œuvre de cadres de référence permettant de mieux mesurer les impacts des nouveaux outils sur les apprentissages, et ainsi mieux envisager leur généralisation. Elles peuvent également apporter leur pierre à une réflexion sur l'apport du numérique dans la formation au long de la vie des citoyens hors contexte scolaire, afin d'adresser les problématiques d'emploi qui se posent aujourd'hui.
PROPOSITIONS PERMETTANT DE STRUCTURER LA FILIÈRE (8 À 14)
INTERVENANTS : HERVÉ BORRÉDON ET DANIEL KATZ
L'Afinef décrit ici la nécessité de clarifier les compétences entre les acteurs (publics et privés) afin que les industries puissent mieux affirmer leur place dans cet écosystème. La structuration de la filière passe aussi par la simplification de processus qui ne sont pas adaptés au numérique : code des marchés publics, incitations fiscales, cadre règlementaire, normes informatiques, sont autant de sujets à clarifier pour pérenniser l'activité des industriels.
PROPOSITIONS PERMETTANT DE DÉVELOPPER LA FILIÈRE (15 À 21)
INTERVENANTS : YVES DAMBACH ET JULIEN SECHEYRON
Le développement de la filière passe d'abord par une meilleure structuration des financements en particulier en fonds propres des entreprises du secteur. Les mécanismes financiers qui font exister le cinéma français ou le secteur du jeu vidéo dans le monde sont transposables à l'éducation pour un marché trois fois supérieur en volume. Le développement de la coopération entre les industriels du numériques et la mutualisation de leurs ressources est nécessaire. Par des mécanismes simples, la coopération entre grands groupes et petites start-up permettrait à la fois de valoriser l'incitation à l'innovation et de dynamiser notre offre au niveau international. Une politique financière volontariste permettrait de faire créer un nombre certain d'entreprises de taille intermédiaire ou grande, pur player numérique, en mesure d'exister sur le marché mondial, sans recours aux subventions.
PROPOSITIONS PERMETTANT LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL (22 À 25)
INTERVENANT : PHILIPPE MERO
La question du développement international est une toile de fond de l'ensemble des propositions. Elle y est décrite clairement dans cette dernière thématique, en partant du constat de la domination des grands marchés internationaux par les entreprises anglo-saxonnes, qui ont fait du numérique une filière d'excellence. Si les entreprises françaises veulent se démarquer au niveau international, la fédération des compétences est encore une fois le faisceau de leurs réussites. L'Afinef souhaite à ce titre gagner en visibilité, en créant un label pour promouvoir la filière et mieux identifier les pépites françaises. La création d'outils dédiés nous donnerait une meilleure lisibilité sur ce qui se passe en dehors des frontières, comme la veille, la production de benchmarks etc.
4 INTERVENTION DES PARTICIPANTS
LAURE DUCHAUSSOY, DGCIS
Former " au numérique " est essentiel pour élargir les débouchés pour la jeunesse et doter nos entreprises des futurs talents qui leur permettront de tirer bénéfice de la révolution induite par le numérique, qui irrigue l'ensemble des secteurs, et qui représente des enjeux de compétitivité particulièrement forts. Prendre du retard et ne pas saisir cette opportunité aujourd'hui seraient prendre un vrai risque que le savoir français s'érode au profit de grands acteurs internationaux. Former " par " le numérique est un élément clé pour offrir des pédagogies différenciées, permettre le déploiement et l'accès à grande échelle à des contenus actualisés, interactifs et personnalisés. Tout l'enjeu repose sur la complexité à user de cette flexibilité qu'offre le numérique pour modeler ces outils et contenus numériques pour qu'ils servent les objectifs pédagogiques des enseignants. L'innovation, particulièrement adressée par les pôles de compétitivité, est au cœur de ces enjeux. C'est en ce sens que les services de la DGCIS ont exprimé leur attention quant aux propositions formulées par l'Afinef, qui s'inscrivent dans cette démarche d'innovation.
SYLVIE LE LOUP, SERVICES ÉDUCATIFS DE LA CDC
Trois piliers guident l'accompagnement de l'État et des collectivités dans le développement du numérique : les services, l'infrastructure et les usages. Les actions de la CDC offrent un panel assez large de domaines d'intervention, de l'investissement dans des projets d'infrastructure (financement et accompagnement des SDAN) à l'ingénierie et le conseil sur la mise en œuvre des programmes ou des politiques.
En étroite collaboration avec le Ministère de l'Éducation Nationale, une convention particulière vise à accompagner le déploiement des infrastructures adaptées (THD, numérique dans les communes, collèges numériques pilotes…).
VERONIQUE JACQ, CDC ENTREPRISE
Le FSN PME (Fond pour la Société Numérique PME), lancé dans le cadre des investissements d'avenir, est un fonds dédié aux PME innovantes du secteur numérique. Cet outil public a pour objectif de soutenir ces entreprises, d'accélérer leur croissance, pour faire émerger des champions du numérique. En ce qui concerne l'éducation, le FSN PME soutient la mise en œuvre de nouveaux usages et de services numériques innovants.
La BPI est une institution avec deux priorités : offrir l'ensemble des instruments de soutien financier aux PME et aux ETI, tout au long de leur développement, et apporter un soutien à l'innovation et à l'export.
5 CONCLUSION
Le marché mondial se structure autour du numérique, le temps est à la mobilisation pour prendre cette place mondiale. De nombreux atouts sont à valoriser pour prendre part à la course du numérique.
" Nous nous réjouissons des 3èmes Assises Nationales de l'Éducation et de la Formation Numériques qui sont une belle amorce de la vision commune partagée avec le gouvernement de structurer la filière industrielle du numérique éducatif et de la mettre ensemble au cœur d'une société aujourd'hui connectée et collaborative. " Yves Dambach
Prochains rendez-vous des Assises
- Salon Educatec Educatice en novembre 2013, pour un point d'étape sur les retombées des 25 propositions et les nouveautés dans le secteur de l'éducation
- Salon Solutions RH en mars 2014, pour un point d'étape sur les retombées des 25 propositions et les nouveautés dans le secteur de la formation
- Assises générales en mai 2014
Pour de plus amples informations, retrouvez-nous sur http://afinef.net/
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