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Maladie d'Alzheimer : des jeux vidéo contre les troubles moteurs


Maladie d'Alzheimer : des jeux vidéo contre les troubles moteursFrance Mourey, professeur à l'université de Bourgogne, a conçu, avec une équipe de recherche pluridisciplinaire, des jeux en réalité virtuelle, de type Wii, destinés à prévenir les difficultés motrices des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Une première.

La maladie d'Alzheimer provoque des troubles de la mémoire mais, on le sait moins, également des troubles moteurs, les patients ayant de plus en plus de difficulté à anticiper les mouvements lorsque la maladie progresse. Comment éviter que, progressivement, le malade peine à se lever, que sa marche devienne incertaine au risque de tomber, que peu à peu, il ne parvienne plus à s'habiller seul ou saisir ses couverts pour manger ?

France Mourey, ex-kinésithérapeute, a perçu l'importance de ces troubles au début des années 2000. On recourait alors à des kinésithérapeutes comme elle lorsque les patients tombaient, mais personne ne proposait de prise en charge précoce pour ralentir la dégradation des capacités motrices, alors que les ateliers-mémoire se généralisaient pour soutenir les capacités cognitives des malades détectés.

Devenue enseignant-chercheur à l'université de Bourgogne, membre du laboratoire Cognition, Action, et Plasticité Sensorimotrice (université de Bourgogne -Inserm), France Mourey a lancé voici quatre ans un projet soutenu par l'Agence Nationale de la Recherche, mobilisant une vingtaine de collègues, chercheurs en médecine, psychologie cognitive, sociologie, informatique, pour remédier à ce manque.

Deux objectifs : mieux comprendre les processus en cause dans l'altération des capacités motrices et aider les patients à conserver leur mobilité le plus longtemps possible, en les entraînant de manière systématique pour limiter les dégâts provoqués par la maladie grâce à des stratégies de compensation cérébrale.

"La solution du jeu s'est vite imposée, et plus précisément le jeu en réalité virtuelle de type Wii. Il s'agit de placer le patient dans un environnement qu'il trouve agréable, stimulant, en lui proposant des défis à sa mesure, par exemple cueillir des pommes mûres dans un verger ou susciter de la musique par des mouvements coordonnés. Plutôt que de donner des consignes, on sollicite des mécanismes intuitifs. Le fait que le patient joue, s'amuse, accroit sa persévérance", explique France Mourey.

Le projet de recherche a démarré en 2012 et s'achève à la fin de l'année 2016. Les premiers tests effectués sur des prototypes ont montré l'adhésion des patients et l'efficacité à court terme pour améliorer leurs capacités d'équilibre. "Nous avons lancé des tests de plus grande ampleur sur les effets à moyens termes, avec des résultats attendus dans les prochaines semaines", affirme la chercheuse qui travaille aussi à la conception d'un jeu permettant aux patients de s'entraîner à danser avec des partenaires virtuels.

Ces jeux conçus spécifiquement pour remédier aux difficultés des personnes fragilisées peuvent s'adapter facilement à leur état. "On pourrait imaginer qu'ils soient à terme remboursés partiellement par la Sécurité Sociale pour permettre de repousser l'entrée dans la dépendance", suggère France Mourey.

L'équipe de recherche souhaite s'associer à des partenaires pour produire et distribuer ces jeux à large échelle. En France, environ 900 000 personnes sont actuellement atteintes de la maladie d'Alzheimer et on estime que 35 millions le sont au niveau mondial. Des chiffres en augmentation rapide.

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